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Life of Chuck : critique qui va te retourner la tête (et le cœur)

Par Geoffrey Crété
11 juin 2025
MAJ : 13 juin 2025

Une adaptation de Tom Hiddleston, Chiwetel Ejiofor, Karen Gillan, Jacob Tremblay, and Mark Hamill, ne déçoit pas, bien au contraire. À voir au cinéma dès le 11 juin. 

Avertissement : puisque ce film mérite d’être découvert sans rien en savoir, voilà notre critique en deux parties, SANS SPOILERS puis AVEC SPOILERS.

© Nour Films

ACTE 1 : SANS SPOILERS

Life of Chuck commence comme la fin d’un film, et c’est un immense compliment. Même pas eu le temps de comprendre quel est ce monde, qui sont ces personnages et quelle est cette catastrophe que la magie opère déjà, avec une vague d’émotions insensée vu le peu de temps qui a défilé à l’écran. Mais c’est là le talent de Mike Flanagan, qui a écrit et réalisé cette adaptation de la nouvelle de Stephen King La Vie de Chuck publiée dans le recueil Si ça saigne : propulser directement au cœur d’une galaxie entière en commençant par sa fin, autant dans l’histoire que dans l’émotion.

Il suffit d’une scène dans une salle de classe inquiète, d’un voisin dont le grand sourire cache un immense désarroi, ou du coup de fil d’un ancien amour pour ressentir la folie qui s’empare de ce monde en train de vaciller. Car avant de donner des réponses sur ce mystérieux Chuck qui envahit l’univers comme un spam cosmique, le cinéaste s’emploie à cartographier la mélancolie consumant ces gens qui essayent désespérément de se réaligner face à l’inimaginable. Et quand cette première partie se termine avec une scène renversante, qui conjugue le plus intime au plus gargantuesque, Life of Chuck a réussi un exploit : faire ressentir le poids de tout un monde, et presque tout un film, à la vitesse éclair. Ce n’est pourtant que le début de ce voyage au-delà du réel.

Le mille-feuille Life of Chuck va peu à peu s’ouvrir, mais en prenant un malin plaisir à se perdre en faux détours pour mieux préparer la destination. L’histoire avait commencé avec une vision de l’univers, et le destin de l’humanité ? Elle continuera avec la journée ordinaire de trois personnes, qui bascule le temps d’une superbe parenthèse musicale absurde racontée quasiment en temps réel. Puis elle remontera jusqu’au début de l’énigme de ce Chuck incarné par Tom Hiddleston, bouclant la boucle de l’infini.

C’est dans tous ces petits moments que Mike Flanagan touche du bout des doigts une certaine idée du merveilleux. Que ce soit avec cette ante énervée jouée par Annalise Basso, ces grands-parents attendrissants incarnés par Mia Sara et Mark Hamill, ou avant ça Karen Gillan, Chiwetel Ejiofor et Matthew Lillard, il donne de la lumière à chaque personnage pour en faire une étoile qui scintille dans le ciel de Life of Chuck, même si c’est pour quelques minutes à peine. Ça tombe bien, c’est le sujet du film : chaque petite chose a son importance, et peut résonner pendant l’éternité à travers l’existence des autres.

life of chuck
« Ça va être tout noir ! »

Le problème, c’est que Life of Chuck doit rendre ses comptes. Plus longue, plus explicative et parfois plus laborieuse, la dernière partie éclaire un peu trop les mystères de cet univers. Et lorsque le film se termine en dévoilant sa plus grande énigme, c’est presque comme un réveil. Fini de rêver, il faut ouvrir les yeux. La réponse est inévitablement minuscule comparé à la grandeur des questions du début. Et c’est peut-être ça le plus gros souci de Life of Chuck : c’était impossible de er après ce premier acte (ou plutôt, le troisième) extraordinaire.

Flashdance

ACTE 2 : AVEC SPOILERS

Ce n’est peut-être pas un hasard si Mike Flanagan à choisi Katie Siegel pour délivrer la clé de Life of Chuck. Dans le rôle de l’institutrice du petit héros, sa femme et actrice fétiche (Pas un bruit, The Haunting of Hill House et Bly Manor, Midnight Mass, La Chute de la maison Usher…) explique la merveilleuse idée du film : chaque personne est sa propre galaxie. Toute mort est une fin du monde, ou du moins la fin d’un monde. Et quand on e l’arme à gauche, c’est tout un univers qui s’envole avec ses souvenirs, ses histoires, ses aventures, ses rêves et ses miettes de vies qui ont été croisées, changées ou touchées. Les histoires qu’on (se) raconte construisent un monde infini mais lorsque la fin approche, il vacille dans le néant avec tout ce qu’on est.

L’idée est-elle égocentrique, ridicule, vertigineuse, terrifiante, ou magique ? Oui, tout ça à la fois. C’est sur cette fine ligne que Mike Flanagan construit ce film qui prolonge les interrogations de Hill House et Bly Manor (les échos des vies puis des morts à travers le temps, les liens magiques qui le transcendent), et qui ne fonctionne jamais aussi bien que lorsqu’il reste à la lisière des explications. Et c’est pour cette raison que le premier chapitre est si grandiose : rien n’est clair, donc tout est possible.

Hamill a mis dans le mille

Le dernier acte en revanche a pour mission de tout élucider, et sans surprise c’est comme tirer une balle dans le pied (ou disons un orteil) de Life of Chuck. Le mystère du grenier symbolise bien cet équilibre casse-gueule : d’un côté, il permet à Mike Flanagan de rejouer avec les codes horrifiques qu’il maîtrise si bien (difficile de ne pas penser à la chambre rouge de Hill House), et entrouvrir une porte d’angoisse dans un récit existentiel où c’était finalement indispensable ; de l’autre, la clarté de l’ultime plan du film, qui laisse longuement observer la réponse et la réalité, est trop aveuglante pour ne pas briser le sortilège. Tout comme l’énigme Chuck, celle de la porte verrouillée à double tour montre malheureusement un peu trop bien les limites de l’exercice.

C’était le grand pari de ce Life of Chuck construit comme un decrescendo, soit le contraire d’un film « normal » : mélanger l’intime et le cosmique, parler de la Vie et de la vie, et arriver à destination sans se prendre les pieds dans le tapis. Possible donc qu’il laisse un curieux arrière-goût en bouche à la fin. Mieux vaut alors se souvenir de la somme de petites choses fabuleuses croisées en cours de route, et qui en ont fait un voyage si spécial, si précieux et si pur. Ça tombe bien, c’est le sujet du film.

life of chuck
Rédacteurs :
Résumé

Typiquement le genre de film difficile à vendre et dont il est préférable de ne rien savoir avant d’y aller. C’est encore le meilleur moyen d’être emporté par cette vague magique qui commence sur les chapeaux de roue, et qui rappelle le pouvoir du cinéma.

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copeau
copeau
il y a 1 heure

Olala bigre que j’ai aimé ce film ! Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas été émotionné de cette façon… pris entre la nostalgie, la beauté et la profondeur du discours, je n’ai pas pû empêcher mes yeux de s’embrumer… et cela n’a pas de prix ! Vive le cinéma

William Eggbacon
William Eggbacon
il y a 8 heures

Pas trop compris l’accueil hyper enjoué autour du film. J’en attendais peut-être trop du coup mais j’ai trouvé ça pas mal, sans plus. Ca reste quand même vachement en surface sur plein de points. Y’a quelques longueurs, et certains ressorts scénaristiques sont quand même super gratuits (l’acte 1 est un peu tiré par les cheveux par moment quand on voit le 2 et 3). Pareil j’ai trouvé que Mark Hamill était un peu too much… Bref, un petit 3/5 pour moi.

zakmack
zakmack
Abonné
il y a 3 jours

Je ne suis pas trop d’accord avec la critique. Comme le film recueille énormément d’avis positifs je ne vais pas spoiler par contre pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui vont aller le voir. Je trouve que les 3 actes sont finalement assez distincts, et j’ai du mal à trouver le liant entre eux. On dirait presque des sketches. J’ai beaucoup apprécié la scène de danse dans la rue, peut-être absurde mais qui dégage une énergie folle. Je crois d’ailleurs que j’aurais préféré que le film me parle de son amour pour la danse. Je trouve que Mark Hamill e à côté du rôle et fait pâle figure à côté de Mia Sara, ultra-lumineuse et qui aurait mérité une présence à l’écran plus longue. Bref je suis sorti du film en me disant qu’il n’était jamais aussi émouvant qu’il aurait dû.