ON PREND LES MÊMES, ET ON RECOMMENCE
On peut évidemment s’interroger sur la raison d’être de ce nouveau Dragons, le film original – au demeurant génial – étant sorti il y a seulement 15 ans. On peut dûment y voir un recyclage opportuniste et le mettre dans le même panier percé que les remakes en prise de vues réelles de Disney (Le Livre de la Jungle, La Belle et La Bête, Le Roi Lion, Aladdin et compagnie).
Après tout, la démarche est la même : attiser la nostalgie du public, réveiller une franchise à succès et alléger le porte-monnaie des spectateurs en ayant fait le minimum syndical et en ayant pris le moins de risques possible. On peut donc légitimement rejeter en bloc tout ce qu’incarne ce nouveau Dragons et s’indigner de ce qu’il reflète d’une partie de l’industrie cinématographique.
Mais force est de constater que ce n’est pas un mauvais film pour autant.
Certes, ce nouveau Dragons n’est qu’un immense décalque plan par plan, presque en tout point inférieur à son homologue animé réalisé par Dean DeBlois (à qui on doit aussi le Lilo & Stitch de 2002). Le cinéaste a toutefois repris du service pour le remake, ce qui explique probablement pourquoi ce Dragons, aussi vain et mercantile est-il, a ce petit supplément d’âme qui fait tant défaut aux reprises de Disney, alors que l’exercice est strictement pareil.
DreamWorks a opté pour la prudence la plus totale en prenant un chef-d’œuvre et en rappelant son orfèvre pour qu’il refasse exactement la même chose en prise de vues réelles (signant au age sa première fiction en live action). Forcément, la contrefaçon d’un bel objet devient elle-même un bel objet, et le film fonctionne indépendamment de son matériau d’origine. Le cinéaste n’a donc pas eu à se réapproprier quoique soit ou à se battre contre vent et marée pour mettre sa griffe à l’écran ou dans le scénario, puisqu’elle y est déjà.

Le mimétisme du remake est allé jusqu’à réenregistrer quasiment à l’identique la magnifique bande originale de John Powell, qui était déjà une des raisons principales de la réussite du film de 2010, et, par effet miroir, reste donc une des principales raisons de la réussite du remake. Présente du début à la fin du récit, la musique parvient à recréer et transmettre l’exaltation grâce à sa puissance orchestrale entraînante (quoiqu’un chouïa moins éclatante, mais on chipote).
C’est notamment le cas lors du rapprochement entre Krokmou et Harold ou durant les séquences de vol, qui gagnent en ardeur ce qu’elles perdent en beauté. Ces instants magiques et suspendus (littéralement) sont d’ailleurs des fantasmes de gosses ultimes, qui pourraient sans mal raviver la flamme auprès du jeune public après les Cœur de dragon et autres Eragon dans les années 90 et 2000.

LE JEU DES 3 DIFFÉRENCES
En optant pour un strict copier-coller, le scénario s’assure de ne pas mettre de désordre dans celui de 2010, déjà parfaitement rythmé et équilibré (là où Disney a tendance à rajouter des détails superflus et des sous-intrigues, qui restent souvent en surface). Dans Dragons, les rares petits ajouts s’insèrent organiquement dans le récit, comme la volonté d’Astrid de devenir cheffe de Berk qui est abordée au détour d’une réplique. La réponse d’Harold, qui tient elle aussi en une réplique, a même le mérite de renforcer la caractérisation du personnage et de souligner son tempérament docile et son complexe d’infériorité.
Astrid est par ailleurs celle à qui le film veut donner un peu plus d’épaisseur. C’est donc principalement sur elle que les micro-changements et ajouts sont portés, en particulier sa relation plus privilégiée avec Stoik et son moment de bravoure dans le climax.

Le remake réussit ainsi à retrouver de la sensibilité, de l’émotion et de la gravité, ce qui n’est pas une évidence quand on singe des scènes d’abord pensées en animation. Par exemple, quand Krokmou est capturé dans l’arène par les Vikings, sa détresse est palpable, tout comme le désarroi d’Harold et l’incompréhension de Stoik qui n’hésite pas à verser une larme ou deux. Il faut d’ailleurs glisser un mot sur le casting, en particulier Gerard Butler (qui doublait déjà le chef Viking dans le film original), touchant dans son rôle de père déé, qui plus est grâce à la bonne alchimie avec Mason Thames, qui offre une belle vulnérabilité à Harold.
L’autre gros défi pour Dean DeBlois était la transposition des dragons, qui conservent la même charte graphique burlesque, mais avec des textures photoréalistes. La bande de dragons est suffisamment bien faite et animée pour être crédible et ne pas gâcher l’immersion à chaque fois qu’un d’eux débarque à l’écran. Plus globalement, ce nouveau Dragons est de belle facture.

Les interactions entre les dragons et les humains fonctionnent, tandis que Berk affiche de beaux paysages brumeux (filmés à Belfast), que le générique de fin prend même le temps de nous faire survoler. Si les décors du village (la forge, les maisons, l’arène) n’ont rien de honteux, la plupart des costumes et des armes ressemblent toutefois à des accessoires de cosplay, ce qui n’est pas non plus entièrement condamnable étant donné le ton cartoonesque qu’adopte tout ce petit monde. On peut toutefois sortir le carton rouge face aux ados débiles qui servent de personnages secondaires, et dont l’humour repose sur des ressorts trop propres à l’animation pour être imité.
Pour le reste, on pourrait s’appliquer à scruter à la loupe tous les détails du long-métrage et pointer du doigt les petits défauts ou incohérences – comme Stoik qui met des patates de forain à un énorme dragon, mais galère à soulever un portail – puisque, une fois n’est pas coutume, il n’y a pas de grand défaut à soulever, pas de nouvelle ime à éclairer. Mais probablement que le remake de Vaiana prévu en 2026 sera là pour nous remettre les pieds sur terre.

Cette Adaptation de DRAGONS serait un très bon film mais Originale est meilleur.
L’histoire de Harold et de Krokmou une Saga magique.
Mon problème Le choix des comédiens de Harold et Astrid. Les VFX des DRAGONS excellent.
☆☆☆☆
Une belle mise à jour payante qui offre du Raytracing, un meilleur niveau de détails des modèles, et un 24FPS constant… oh wait.
Autant j’avais aimé Dragons et ses suites, autant là, je ne vois aucun intérêt à revoir la même chose en prise de vue réelles.
c’est comme ces artistes qui ré enregistrent leurs anciennes chansons, la plupart du temps c’est plus faible que l’original.
Si je me souviens bien (je n’ai plus la source), Dreamworks voulait faire un remake live action et l’idée s’arrêtait là, peu importe qui ou comment. DeBlois l’a appris et s’est proposé, car il voulait protéger l’héritage du film qu’il avait aidé à faire il y a 15 ans. Donc initialement, ce n’est pas de lui que vient l’envie de faire ca…
Draguons les spectateurs…
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Pour son premier film en action réelle, Dean DeBlois n’a pas besoin de faire grand chose : l’adaptation des romans Harold et les Dragons fonctionne très bien tel qu’il y a 15 ans, le design des personnages aussi, le concept de l’histoire qui nous ramène à tous les (télé)films dans lesquels un enfant tombe sur une créature mignonne qui l’aidera à…
Tiens ben comme le remix récent de (son) « Lilo et Stitch ». Sauf que ici, la plus-value supposée du film, c’est que c’est l'(un des) auteur(s) qui s’y colle, comme s’il y avait une meilleure légitimité à la clé.
Ainsi, si c’était loupé, au moins ça ne viendrait pas d’un réalisateur extérieur, ça resterait « dans la famille ».
Et si DeBlois voulait réexplorer son propre film, y créer des variations inédites, ça ne serait pas trop grave parce que c’est « à lui »…
Alors pourquoi il n’en a rien fait ? Il y avait tout un boulevard devant lui, c’est à dire une histoire préexistante étalée sur trois films, plus des séries TV dérivées… donc autant de matériau dans lequel il pouvait piocher pour bousculer sa narration, amener plus tôt des éléments faisant partie des suites (le destin de Stoïck ? un caméo de Cate Blanchett ?), développer plus le versant émotionnel (faire plus ouvertement une métaphore de la masculinité toxique chez les vikings adultes)…
Ou, tout aussi intéressant, modifier des designs, s’éloigner un tantinet d’un film pour enfants un peu cartoonesque, et viser plus de réalisme…
Las, quasi rien ne bouge, ni les costumes et leurs couleurs, ni même les créatures, ce qui est très problématique dans ce cas précis.
Parce que même sans avoir vu les films et séries originaux (c’est toujours le but de ses adaptations, visant en grande partie le jeune public contemporain), ce sont des vikings pas énormément sanglants qu’on a là, ainsi que des dragons de dessins animés, ronds ou élancés, bref difformes, avec des yeux souvent trop expressifs.
Surtout Krokmou, qui garde donc son look de bébête tirée d’un cartoon des années 30 (tout noir aux mirettes immenses), ce qui l’empêche alors d’apparaître comme une vraie créature dangereuse, un animal qui puisse faire peur à tous les publics Avant de voir au delà de son apparence. Or en étant toujours une espèce de loutre avec des ailes et des écailles, il n’y a pas la moindre once de suspense pour ceux le découvrant pour la première fois : bien sûr qu’il est gentil ! Et bien sûr que Harold a raison de vouloir plutôt le domestiquer, en attendant de le laisser en paix – histoire clairement antispéciste…
Mais sans qu’on ne puisse suivre le point de vue contradictoire des autres personnages (et notamment Stoïck et Astrid)… et sans qu’on n’ait plus de preuves tangibles de la dangerosité des dragons, genre des squelettes, des tombes (parce que des bras et des jambes en moins, ça ne gêne pas beaucoup de monde), on prive ces monstres d’une bonne partie de leur pouvoir de fascination, les réduisant à un simple groupe d’animaux sauvages de diverses races.
Et ce ne sont pas quelques morts hors-champ, ou écrasés dans la brume, qui vont y changer quoi que ce soit : on ne veut traumatiser personne, et cette histoire d’enfants devenant plus matures se trouve débarrassée d’une part nécessaire de violence – même quand ils cognent ou qu’ils se cassent la figure, ça n’a pas d’impact, comme si on était encore dans un dessin animé…
En étant le copier-coller d’un film qui injectait une part de cinéma du réel dans de l’Animation (Roger Deakins en consultant pour la photo), ce qui le rend ici un peu plus « ton sur ton »… et avec un déroulé strictement identique, scène après scène – la voix off, la musique de John Powell, les péripéties, les répliques… le résultat ne surprend nullement. Et ne dépareille même pas avec les blockbusters Tout Public modernes : DeBlois ne pouvant faire de discrimination à l’embauche, les guerriers de Beurk ne sont plus juste des vikings mais une communauté chassant les dragons venu de tous les horizons… encore eut-il fallu traiter plus cette idée mélangeant globalisation et isolationnisme (?)
Quant à Harold, qui se distingue positivement de ses congénères bourrins parce qu’il est un inventeur ingénieux, c’est un cliché qu’on a vu trop de fois maintenant, et qui ne rend pas justice aux talents de leader de Stoïck, Gerard Butler revenant incarner physiquement cette variation chaleureuse de son Léonidas – pendant qu’on y est, la VF a calé un petit rôle pour Donald « Harold » Reignoux, pour le papa de Rustik et une histoire père/fils parallèle qui restera trop accessoire…
Les quelques différences sont donc ultra minimes, explicitant certains détails qui étaient déjà compréhensibles avant (l’ambition personnelle de Astrid), ou supprimant malheureusement tout ce qui faisant penser à un humour anglais à la Monty Python/Aardman, comme les gags avec les moutons, ou les vikings crétins – même Gueulfor (ici interprété par Nick Frost) a l’air paradoxalement plus sobre, puisqu’il ne peut pas être aussi sautillant que sa version animée…
Alors bon, les acteurs sont supers, on ressent bien la fragilité de Mason Thames, le côté intrépide de Nico Parker, les scènes d’apprentissage sont très bien (tout le côté Japanim, de la fusion entre le cavalier et sa monture), il y a de beaux décors réels (surtout les falaises) et l’euphorie explose dans les scènes de vol, jusqu’au final plein d’action et d’émotion…
Mais ça, c’est juste une question de nostalgie. Ou bien parce que c’est le frisson de la découverte pour les néophytes… comme si le film d’animation de 2010 n’existait déjà plus.
L’âme là dedans, c’est juste la même qu’avant, pas une nouvelle…